Une nouveauté est apparue cette saison en Nationale 1: les rencontres sont dorénavant dirigées par deux arbitres au lieu d’un seul. Le citoyen d’Achêne (Namur), Jean-Scheers (photo ci-contre), président de la Commission Centrale d’Arbitrage à l’A.B.F.S., nous parle de cette modification.
Quelle est l’origine de cette modification?
Cette décision a été validée par le Comité Exécutif National à la demande de la Commission Centrale d’Arbitrage. Auparavant, c’était souvent les clubs les plus aisés financièrement qui demandaient à ce qu’on leur fournisse deux arbitres, mais cela était un peu discriminatoire vis-à-vis des autres. Et puis, le niveau de jeu s’est considérablement élevé. Il faut évoluer avec son temps. Nous demeurions pratiquement le seul sport collectif qui continuait à n’être dirigé à son plus haut niveau que par une seul directeur de jeu. On passe ainsi un cap supérieur.
N’est-ce finalement pas un retour aux sources?
Il doit y avoir plus d’une vingtaine d’années, un arbitre amené à diriger en nationales un match de réserves (qui existaient à l’époque) se muait ensuite pour la rencontre de nationale proprement dite en juge de touche. Celui-ci longeait l’une des longueurs du terrain avec un drapeau. Il aidait l’arbitre dans ses prises de décisions. La différence désormais, c’est que chaque référé a le même pouvoir.
Comment ont-réagi les arbitres concernés?
Ils sont une dizaine et la nouvelle a été acceptée positivement.
Avant, un arbitre de classe A pouvait rester trois semaines sans arbitrer en D1, afin de laisser aussi ses autres collègues s’exprimer. Mais à quoi bon alors les classer à cet échelon? Désormais, ils dirigeront quasi tous les vendredis des rencontres de l’élite. En fin de saison, ils auront arbitré 90% de rencontres en D1.
Qui dit arbitrage à deux dit aussi double défraiement pour les clubs. Que répondez-vous à certains dirigeants qui se plaignent?
Un club doit débourser non plus 50 €, mais 100 €. Cela fait 650 € de plus sur la saison. Mais quand on sait que ce que certains dirigeants offrent à leur joueurs, cela me fait rire.
Dans certains clubs, on ne fait toujours pas payer les entrées. Ce n’est pas à moi de dire c’est bien ou pas, mais si l’on compare avec d’autres disciplines collectives de haut niveau, il y a peut-être de quoi réfléchir.
Il faut aussi voir le bon côté des choses. Deux arbitres, c’est deux fois plus d’attention sur un match et sur des phases qui pourraient être litigieuses. Le nombre d’erreurs sera réduit. Maintenant, il faut encore que les choses se mettent en place et que les automatismes de nos paires se rodent.
Jusqu’à présent, seuls les matches des play-ffs et la finale de la Coupe de Belgique étaient dirigés de la sorte.
Quels sont les avantages pour les arbitres?
Ils se présentent à deux et forcément, c’est un atout lorsque la tension monte entre les joueurs. Ils peuvent se soutenir mutuellement.
Comment constituez-vous ces paires?
Il n’y pour l’instant aucune logique. On tente des choses et des affinités se créeront. On essaie de varier un maximum en envoyant, par exemple, sur un match un arbitre expérimenté et un autre un peu moins. On vise ensuite à corriger le tir lorsqu’un arbitre est trop strict par rapport à son collègue plus en retrait. Et ce, pour obtenir un juste milieu.
Va-t-on vers la formation de paires permanentes?
C’est une question que nous devons encore débattre. Mais en arriver à cette situation pourrait présenter des risques. Mettre par exemple nos deux meilleurs arbitres ou deux autres novices continuellement ensemble engendrerait un trop gros décalage. On fera le bilan en fin de saison pour trouver la meilleure formule.
Recueilli par Nicolas TOUSSAINT