Gaetan Beaudot, le recordman de sélections (55) en équipe nationale belge de football en salle, dont il en a été le capitaine, actif au FC Cinacien en Nationale 3B, a décidé de stopper sa carrière et il nous en explique les raisons.
Gaëtan, pourquoi avoir décidé alors que la mi-championnat n’est pas encore atteinte de mettre un terme à votre prestigieuse carrière?
J’avais déjà voulu arrêter fin de saison dernière. Mais dans l’euphorie de l’accession du FC Cinacien en Nationale 3B via la 3e place en P1 namuroise, niveau que le club n’avait jamais atteint, je me suis laissé embarquer pour un exercice supplémentaire. Je me rends compte que j’ai commis une erreur.
Comment?
Je sens qu’à 38 ans, mon corps est en train de renoncer. Je n’ai plus vraiment le niveau. J’ai pas mal perdu en vitesse et ma vivacité n’est plus celle d’antan. Je peux encore jouer sur mon placement, mais ce n’est plus suffisant à l’échelon national. Je n’ai pas envie de devenir ridicule. Je suis conscient de livrer la saison de trop. Je préfère donc m’arrêter, avant qu’il ne soit vraiment trop tard.
Comment vos équipiers ont-ils réagi?
Je l’ai juste annoncé au coach, Sylvain Willem. Il me comprend, mais il a quand même tenté de me raisonner me certifiant que je pouvais encore amener pas mal de choses à l’équipe. C’est très sympa, mais j’estime que c’est le moment de tourner la page. Depuis, j’ai reçu plein de messages d’encouragement et de félicitation pour ma carrière. Cela me touche.
Pouvez-vous nous rappeler votre parcours?
Tout a véritablement commencé au MF Gembloux. Je suis passé notamment par Alliance Ecaussines (2 passages), le MF Namur (2 passages), BC Embourg, avec le titre en N2 et la montée en D1. Je pensais terminer ma carrière en P2 namuroise à CJ Leuze, avant que le FC Cinacien me relance la saison passée.
Quel est votre meilleur souvenir?
Ma saison 2000-2001 avec le MF Gembloux restera à jamais ma plus belle campagne. J’avais terminé meilleur buteur du championnat de D1 et décroché le Soulier d’Or. C’est à ce moment que ma carrière internationale a pris de l’ampleur. J’ai vécu trois championnats du monde et quatre d’Europe, avec un titre de vice-champion continental.
Le football en salle vous a-t-il permis de découvrir des pays dans lesquels vous ne seriez jamais allé autrement?
Forcément. J’ai découvert la Biélorussie, l’Espagne, la Russie, mais aussi la Bolivie, le Paraguay, l’Argentine. C’est là-bas que j’ai connu mes plus grands frissons. C’était lors de mon premier championnat du monde. Les salles étaient chaque fois combles. Nous avions joué devant six mille personnes. Un truc de dingue.
Avec 55 sélections, vous êtes l’équivalent de Jan Ceulemans (96) dans football, soit le plus «capé» de l’histoire de l’équipe nationale. En êtes-vous fier?
Oui, même si je ne le crie pas sur tous les toits. Je suis quelqu’un d’assez discret et je préfère arrêter ma carrière sans trop de flagorneries. C’est sur que le football en salle reste encore un sport trop peu médiatisé et qu’il mériterait davantage de considération. Mais dans mon cas précis, je préfère que cela se passe sans trop d’effusions.
Possédez-vous toujours votre Soulier d’Or?
Si je l’avais glané, c’est parce que cette saison-là (2000-2001), j’avais marqué en moyenne quatre buts par match. Mais je ne l’ai pas gardé continuellement avec moi. Il est arrivé chez mes parents qui me l’ont rendu lorsqu’il ont décidé de s’installer à Westende. Je ne suis pas spécialement nostalgique, mais cela fait toujours plaisir de jeter un oeil dessus. Cela fait surtout la fierté de mon fils.
Suit-il les traces de son papa?
Plutôt ma carrière de footballeur. Arthur (11 ans) évolue en «U12» au football au Standard de Liège, où l’on interdit la pratique du football en salle. Son apprentissage est aussi l’une des raisons de mon arrêt. Je le conduis à ses trois entraînements hebdomadaires, sans compter le match du week-end, avec parfois des déplacements jusqu’à la côte. Grâce à mon épouse, il est au courant des grandes lignes de ma carrière, via des vidéos, des photos,… Plus jeune à l’école, comme j’étais souvent parti dans les différentes salles du pays et d’Europe, il répondait à sa maîtresse lorsqu’on lui demandait ce que faisait son papa comme métier: footballeur (rires). J’ai envie justement de rattraper le temps perdu. Car je n’ai pas eu vraiment l’occasion de les voir grandir, lui et sa soeur de 9 ans.
Comptez-vous rester dans le milieu du football en salle?
Je vais d’abord prendre un repos mérité. Je continuerai à aller voir le FC Cinacien et donner quelques conseil à Sylvain (NDLR: Willem). Ensuite, on verra les éventuelles propositions.
On vous avait cité, il y a quelques années pour reprendre la sélection nationale. Cela ne s’était pas fait. Pourquoi?
Il y avait un un différend linguistique. J’étais wallon… Si l’on me proposait le poste? J’y réfléchirais à deux fois, mais je ne fermerais pas la porte. J’ai porté ce maillot entre 2000 et 2011 et forcément, cela ne s’oublie pas.
Recueilli par Nicolas TOUSSAINT