Le football en salle ce n’est pas seulement une rencontre et des duels entre deux équipes avec au final deux points qui tombent dans l’escarcelle du vainqueur. Notre discipline bien-aimée peut aussi être vecteur d’intégration. Mario Milano l’a bien compris. Ce dernier s’occupe d’une formation un peu particulière qui milite au sein du championnat provincial du Hainaut en P4B. «Je suis éducateur au sein de la résidence de La Souris Verte (NDLR: réseau Abilis) qui compte des personnes porteuses d’une déficience mentale légère ou modérée», explique Mario Milano, C.Q. du club du MFC LSV Mons qui aligne cinq équipes cette saison. «Avec mon frère, on s’occupe chacun d’une équipe à LSV Mons. Lui en P4B et moi en P3B. Mon frangin travaille dans un autre foyer sur Mons «Le Pays de Cocagne». On s’est dit: pourquoi ne pas rassembler plusieurs de nos résidents et les lancer dans un championnat officiel de football en salle?»
Les choses se sont mises en place progressivement. Huit résidents ont rejoint le nouveau noyau. Ceux-ci sont encadrés par des éducateurs. «Le but est clairement d’aider nos résidents à se mêler au monde réel dans le but de les amener à trouver toujours un peu plus d’autonomie. Notre méthode est l’inclusion sociale. On a trouvé un deal. Lors d’un match, il faut trois résidents sur le terrain et deux éducateurs pour avoir un minimum d’équilibre.»
COMPRENDRE LES SUBTILITÉS
Deux rencontres ont jusqu’à présent été disputées et au-delà des 36 buts concédés, c’est la formidable compréhension des adversaires et des arbitres qui sont à retenir. «Avant le coup d’envoi, on explique à tous les acteurs notre situation. Jusqu’ici, tout s’est parfaitement déroulé. On ne demande pas à l’adversaire de cadeau, mais juste d’éviter de se montrer trop brutal dans les contacts. La lucidité est évidemment plus lente chez nos résidents qui sont là avant tout pour apprendre. On a quand même marqué quatre buts lors du 2e match, dont trois par les résidents eux-mêmes. Le dernier a été un peu particulier. Vu l’écart, on a suggéré à l’arbitre de siffler un penalty en fin de match pour permettre à l’un de nos joueurs de ressentir ce que procurait la joie de marquer. Il l’a d’abord manqué, mais l’arbitre a estimé que le gardien avait quitté trop tôt sa ligne… Il a pu recommencer et cette fois transformer l’essai. Cette fraternité avec l’adversaire est aussi à souligner.»
Sportivement, les deux frangins n’attendent évidement pas grand-chose. Si ce n’est que les défaites deviennent au fil des rencontres peut-être moins importantes au niveau des écarts. «Pour un résident, un attaquant reste uniquement devant le goal et un défenseur demeure planté devant son gardien. On compte leur apprendre la subtilité du jeu via divers entraînements. Et qui sait si en fin de saison, il n’y aura pas une petite victoire à la clé.»
L’équipe sera au repos jusqu’au 22 octobre et disputera, ce soir-là, une 3e partie à Thieu Family.
NICOLAS TOUSSAINT